Votre Dignité, vous nous faites l’honneur de répondre aux questions du journal Mesa’ako Patsoon, pour son édition spéciale consacrée à l’intronisation du nouveau Chef Supérieur Batcham.
Entretien réalisé par Mésa’ako Patsoon par Barack Théo Atanga (M.P/ Barack Théo).
M.P : Votre Dignité, votre contribution est essentielle pour éclairer les lecteurs sur notre communauté. Tout d’abord, Mésa’ako Patsoon aimerait que vous vous présentiez un peu plus.
S.D. Foagam Nogning Serge : Je remercie le journal Mesa’ako Patsoon de me donner cette occasion de m’exprimer à travers ses colonnes. C’est l’opportunité pour moi de me présenter. Peut-être que beaucoup me connaissent de nom ou de visage, mais c’est l’occasion de rallier les deux. Certainement, les frères et soeurs veulent savoir à qui le Chef Supérieur du Groupement Batcham a bien voulu confier la mission pour laquelle nous courons depuis un moment.
Alors, mon nom de naissance : je m’appelle Foagam Nogning Serge, de parents Batcham, né à Douala dans les années 73. J’ai fait mes études scolaires (primaires, secondaires) à Douala et universitaires à Dschang. Après Dschang, je reviens à l’université de Douala pour le Cycle de professionnalisation de l’École Supérieure des Sciences Économiques et Commerciales de Douala, en abrégé ESSEC, où je ressors trois ans plus tard avec un DEPA (Diplôme d’Études Professionnelles Approfondies) en Finance et Comptabilité. Alors, aussitôt, j’ai commencé avec les consultations auprès des Entreprises. Quelques temps après, La Fiscalité m’a séduit. J’ai donc décidé de retourner à l’école chercher un papier pour être confortable dans un statut de Fiscaliste. Je vais donc faire un Master II en fiscalité appliquée à la faculté de sciences juridiques et politiques de l’Université de Douala. Après ce Master II Professionnel, j’ai aussitôt – sur la base de l’expérience déjà accumulée, constitué mon dossier d’agrément de Conseil Fiscal déposé au Conseil des Ministres de la CEMAC. J’ai introduit mon dossier, et en 2019, je deviens Conseil Fiscal Agréé. Quelques mois plus tard, je suis inscrit au tableau de l’Ordre national des conseils fiscaux du Cameroun. Voilà ce qui fait de moi aujourd’hui un professionnel de la Fiscalité. Je dirige un cabinet de conseil d’entreprise situé à Bonamoussadi à Douala. Nous accompagnons des PME, des grandes entreprises, et de très grandes d’ailleurs (on en a dans le portefeuille) en comptabilité et fiscalité. Voilà.
Sur le plan civil, je suis marié et père de plusieurs enfants.
Sur le plan social, je suis Chef de la Grande Communauté Batcham de Douala et ses environs (COBADE) depuis bientôt 6 ans.
Pour l’occasion, depuis décembre 2024, le directoire des notables de la Chefferie Supérieure Batcham après consultation du Menkem (car à l’époque, il n’était pas encore Fouo [Chef], étant au village d’initiation, ce que nous appelons communément le La’akem) a porté son choix sur ma modeste personne pour présider aux destinées du Comité Technique d’Organisation de la Sortie du La’akem et de l’intronisation. Une exaltante mission ! Après la Sortie traditionnelle du 6 mars 2025, il reste la sortie officielle et l’Intronisation. Cet événement, ô combien grandiose et noble, se déroulera le 9 août prochain. Sous ma présidence, avec l’accompagnement de la notabilité, du CODEGBA et de quelques aînés, les membres du Comité – subdivisés en Commissions – sont à pied d’oeuvre. Voilà donc l’homme devant vous.
M.P: Merci, Votre Dignité. Nous aimerions savoir comment vous êtes arrivé à la tête de la COBADE. Mesa’ako Patsoon en sait un bout, mais nos lecteurs aimeraient vous entendre en dire plus ?
S.D. Foagam Nogning Serge : Comme je le disais, , je suis Chef de la plus grande communauté extérieure Batcham (Douala et environs). Comment cela s’est-il passé ? Peu avant 2019, le précédent Chef de communauté était décédé. La population a décidé de réorganiser les choses, tant sur le plan des textes que des ressources managériales. Un critère était que le Chef devait avoir moins de cinquante ans. Le Conseil des sages (issu de l’ancien régime) a assuré la transition le temps d’organiser l’élection d’un nouveau Chef, conformément aux textes de la COBADE. Ce même Conseil est l’organe d’élection et le gendarme de la communauté. Après le décès de l’ancien Chef, le Conseil a toiletté les textes et repensé la Communauté. On voulait un Chef jeune. Des postes comme celui-ci ne s’ouvrent pas à n’importe qui : on recherche des compétences spécifiques. Après concertations, beaucoup portaient leur regard sur moi. Les membres du Conseil m’ont approché : feu Fouo Fomekong Laurent m’a abordé, puis le grand frère Pierre Kueta, et enfin feu Mathieu Tiokeng (qui a trouvé les mots juste pour me convaincre). Je trouvais la charge énorme, craignais de manquer de temps… Mais quand plusieurs personnes pensent la même chose, c’est peut-être Dieu qui vous envoie un message à travers les êtres humains.
J’ai donc accepté d’aller aux élections. Face à moi se présentait un aîné. Les choses se sont passées dans de bonnes conditions : la population a porté son choix sur mon équipe avec un fort pourcentage (bien au-delà de 85%). Depuis lors, mon équipe et moi nous nous travaillons dure pour apporter du sourire à cette population. Voilà comment j’en suis arrivé là. Merci !
M.P : Votre Dignité, comment se porte la COBADE ?
S.D. Foagam Nogning Serge : 2019-2025 : cela fait 6 ans que je porte cette charge. Sans me plaindre : quand on accepte des responsabilités, il faut les assumer. La communauté se porte très bien ! Mon projet de société présenté à l’époque se réalise progressivement.
J’avais promis :
1.Un pagne identitaire pour reconnaître les Batcham dans le Littoral. Chose faite !
2.Une assurance obsèques : nous versons 500 000 FCFA aux familles éprouvées (membres en règle). Cet argent peut aider à payer la scolarité des enfants. L’assurance marche à merveille !
3.Relance des activités sportives et numérisation des informations (sécurisation des recettes, confiance accrue).
Le défi actuel est l’acquisition d’un terrain titré pour y bâtir un foyer communautaire. Nous nous battons pour cela avec l’équipe de la chefferie. En résumé, la COBADE se porte à merveille : je ne ménage aucun effort pour être aux côtés de la population. Merci.
M.P : Depuis quand les Batcham sont-ils regroupés à Douala ? Quel est leur poids démographique, et pourquoi «Douala et environs» ?
S.D. Foagam Nogning Serge : D’après les documents que j’ai consultés et mon appartenance à cette famille (je suis né à Douala), les Batcham se sont regroupés dès les années 60 à Newbell sous l’appellation «Famille Batcham de Douala», autour du Doyen Simon Tchiabeng (premier Chef). Vers 1983, Zachée Méli a pris les commandes. L’effectif ayant grossi, on parle alors de COBAD (Communauté Batcham de Douala). Après Zachée Méli, Sa Dignité Tchinda Mozes a dirigé. Suite à une refonte des textes, la COBAD est devenue COBADE (avec «E» pour «et ses environs»), car les Batcham s’installent aussi en périphérie :
•Vers Yabassi (PK-17)
•Vers Édéa (après Dibamba)
•Dans le Sud-Ouest (Bonabéri à Tiko)
•À l’Ouest (Dibombari, Souza, Mbanga).
Ces familles se rattachent à la métropole. La COBADE compte près de 20 000 âmes (8 000 inscrits sur listes électorales en 2019). Merci.
M.P : Quelles sont vos réalisations, et qui étaient les grands acteurs avant vous ?
S.D. Foagam Nogning Serge : Réalisations : pagne, assurance obsèques, numérisation, et recherche active d’un terrain pour le foyer (objectif : acquisition dans l’année).
Acteurs clés avant moi :
•Chefs successifs : Simon Tchiabeng, Zachée Méli et Tchinda Mozes.
•Bâtisseurs :
•Feu Méli André (a obtenu le récépissé de légalisation de la COBADE)
•Feu Douandji Joseph (architecte du foyer du Palais Royal Batcham)
•Feu Fouo Fomekong Laurent (Sous-chef du Groupement)
•Foagam Jean-Baptiste, Moïse Notemi, Lambou Daniel.
J’en ai oublié certainement, je m’en excuse. Voilà, pour ne citer que ceux-là. Je leur rends hommage : ils ont construit la communauté actuelle.
Projets innovants en cours :
•Exemption des cotisations pour les anciens (retraités après 40-50 ans de présence) pour leur permettre de participer aux réunions sans humiliation.
•Autres initiatives évolutives selon les besoins de la population.
M.P: L’équipe du journal Mésa’ako Patsoon vous remercie pour ce grand moment d’échange.
S.D. Foagam Nogning Serge : C’est moi qui vous remercie.
© Mesa’ako Patsoon N° 009 juillet 2025, édition consacrée au Laakem et la sortie officielle de Fouo Djiotsoon